Est-il préférable de planter des arbres autochtone ou pas ?
Hans Verboven, Natuurpunt: "Le type d'arbre en fonction de l'endroit et de l'objectif"
“La question de savoir s'il faut planter ou non des arbres d'origine autochtone mérite plus de nuances. Tout d'abord, je tiens à confirmer que ce que prônent Natuurpunt et d'autres organisations est correct : en règle générale, les arbres autochtones stimulent la biodiversité. Ils sont utiles à la faune de nos contrées, beaucoup plus que les espèces qui viennent d'ailleurs. Et je ne pense pas seulement aux oiseaux, aux insectes invertébrés, aux moisissures, aux champignons…, toutes sortes d'organismes ou d'animaux utiles et qui ont leur place bien déterminée dans notre écosystème. Quand il s'agit de planter de nouveaux arbres dans des zones naturelles ou boisées, j'opterai toujours pour des espèces autochtones, qui sont ici à leur place.”
“Mais le choix des plantes autochtones n'est pas un dogme pour moi. Des plantes venues d'ailleurs ne sont pas à exclure systématiquement, et sûrement pas dans un jardin ou un parc municipal. Elles peuvent elles aussi être utiles pour les animaux, offrent généralement un grand intérêt ornemental et sont souvent à même de résister aux conséquences des changements climatiques."
“Car la question du réchauffement climatique se pose aussi, naturellement. Ces dernières années, le hêtre, pour ne citer que lui, en a beaucoup pâti. Le chêne souffre lui aussi lorsque les niveaux d'eau sont bas. Et un certain nombre d'espèces autochtones s'enracinent difficilement dans des conditions climatiques extrêmes, sans compter les maladies et les parasites que celles-ci apportent avec elles. Certains militent d'ailleurs avec force pour le choix de variantes méditerranéennes. Mais, pour le moment, il y a encore beaucoup trop de 'probablement' et de 'peut-être' dans cette discussion, à mon goût. Le changement climatique est encore une boîte noire dont nous ne savons pas très bien ce qu'elle contient. L'impact de différentes variables est encore trop peu connu pour le moment. Quant aux choix que nous faisons maintenant, dans le cas des arbres nous ne saurons que d'ici quelques décennies si c'étaient les bons.”
“À cet égard, l'étude effectuée par l'INBO (institut flamand de recherche sur la nature et la forêt) est importante. Ils sont actuellement en train de mettre en carte la façon dont nous pourrions répondre au mieux aux changements climatiques. Ce que nous aurions intérêt à planter ou à abandonner. Espérons que nous recevrons rapidement des résultats basés sur des données correctes.”
“En attendant, la règle de base à mes yeux est celle-ci : pour de nouvelles plantations dans des zones boisées ou naturelles, je choisis toujours des espèces autochtones. Et dans le cas de jardins et de parcs, j'agis en fonction de l'endroit et de l'objectif recherché. À côté de la valeur intrinsèque naturelle, la résistance au climat et même l'aspect esthétique sont des paramètres de poids.”
"Il est important que nous construisions aujourd'hui des écosystèmes robustes, avec une variété de plantes capables de résister aux extrêmes et adaptées au sol et à l'emplacement, pour qu'elles aient de bonnes chances de se développer. Mais si une espèce autochtone répond à ces critères, je lui donne la préférence.”
Franky Vandeputte (Boomkwekerij Udenhout): "Le bon arbre au bon endroit est le slogan qui s'impose"
“La présence du végétal dans la ville est importante pour que la vie y reste agréable. Les arbres apportent de l'ombre, rafraîchissent et purifient l'air des particules fines. Ils font aussi entrer une faune variée dans la ville. En outre, avec la personnalité et le rayonnement qui leur sont propres – silhouette sinueuse, imposante, troncs multiples, forme de la couronne, ouverte ou compacte – ils impriment leur propre caractère à la ville ou au quartier.
"Mais, dans nos contrées, le végétal est toujours plus sous pression… Le changement climatique se fait sentir. Ces dernières années ont été une accumulation d'extrêmes. Des hivers très pluvieux, des étés torrides et très secs, des précipitations surabondantes, des nappes phréatiques trop basses…, ainsi que les maladies et les stress dus à la sécheresse, ont causé beaucoup de dégâts. Et les années qui viennent ne s'annoncent pas meilleures. Il est donc crucial de placer le bon arbre, résistant au climat, avec une bonne structure, au bon emplacement."
"Même s'ils sont pleins de bonnes intentions, les concepteurs ne sont pas toujours aussi réfléchis dans leur choix. Ils sélectionnent souvent des espèces d'arbres qui créent une atmosphère particulière. Mais, tout aussi souvent, nous constatons que ces espèces d'arbres choisies avec soin ne s'enracinent pas, ne résistent pas au stress, sont sensibles aux maladies… Au lieu d'une verdure abondante, le résultat se manifeste par un environnement dégarni."
"Il y a encore des défis. Les villes et les communes confient la plantation du végétal à des entrepreneurs en voirie, pour qui le prix est bien souvent la donnée essentielle. Et pour qui une gestion qualitative et durable du végétal n'est pas une priorité. En outre, nous voyons que divers gouvernements et organisations émettent des recommandations 'vertes' qui ne sont pas toujours des plus judicieuses. On peut par exemple se demander s'il est plus important de choisir des espèces autochtones que de promouvoir des végétaux plus résistants à la sécheresse."
“L'important est de prendre conscience que l'espèce et l'emplacement sont à la base de nombreux problèmes, plus que le climat. Plus que jamais, le slogan qui s'impose est 'le bon arbre au bon endroit'. Et si nous faisons cela correctement, tous les arbres seront résistants au climat.”
“Dans cette optique, les concepteurs gagneraient à travailler avec des valeurs de conception qui s'attachent à l'image souhaitée. Prendre en compte des caractéristiques telles que la taille et la forme des arbres, mais aussi la densité du feuillage, la forme et la couleur des feuilles. Et c'est à partir de ces caractéristiques, ainsi que de l'emplacement et de l'habitat des arbres, que nous pourrons, nous ou d'autres spécialistes, conseiller la bonne espèce pour un résultat durable."
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