Les Jardins de Pré Gaudry remportent le prix Green Cities Europe
À propos du prix
Le Prix Green Cities Europe est une initiative de l'Association européenne des pépiniéristes (ENA) et des organisations de pépiniéristes de 13 pays européens, réunis au sein du programme international Green Cities Europe. Dans le cadre de ce programme, 13 pays européens collaborent pour mettre en évidence la valeur ajoutée des espaces verts dans l'environnement urbain. Chaque pays européen participant à ce programme peut déléguer un projet national. Les projets sont évalués par un jury composé d'un membre délégué du jury de chaque pays participant à ce prix.
Le gagnant : Les Jardins de Pré Gaudry
Les Jardins de Pré Gaudry à Lyon sont un exemple emblématique de rénovation urbaine innovante. Un ancien site industriel a retrouvé une nouvelle vie. Au cœur d’un quartier dense et de son nouveau campus, il est devenu nouvelle destination, oasis urbaine de proximité, lieu de pause et de fraîcheur. Les concepteurs ont pris le parti d’une végétalisation robuste et abondante. Les îlots boisés s’entremêlent avec des cheminements doux, une grande pelouse libre et un riche maillage de lieux à vivre. Sous une canopée généreuse, l’espace est optimisé, multipliant les ambiances et les usages.
Renaturation
La volonté partagée de concevoir un aménagement économe en ressource a conduit à privilégier l'économie circulaire et la fertilisation in-situ des sols. L'intelligence collective et l'enthousiasme créatif des acteurs du projet ont permis d’expérimenter de nouvelles techniques de réutilisation et redynamisation des terres inertes pour les transformer en sol vivant et fertile. A l'heure du changement climatique et de la nécessité de rendre nos villes résilientes, les jardins de Pré Gaudry constituent un véritable laboratoire à ciel ouvert pour la renaturation des friches urbaines en îlots de fraîcheur et de biodiversité.
Un espace apaisé
Sur cet ancien site industriel, l'agglomération lyonnaise a programmé deux grands équipements éducatifs : un nouveau collège de quartier, qui accueille 600 élèves et l’EM Business School, fréquentée par 5 000 étudiants et enseignants. Plus qu'un simple parvis pour relier ces deux établissements et gérer les flux et l’accueil, l’ambition a été de créer pour ce nouveau campus un véritable jardin, un lieu de pause et de fraîcheur.
Espaces nature à vivre
Conçus pour ralentir le rythme urbain, les jardins de Pré Gaudry font la part belle au végétal : îlots boisés et massifs arbustifs, grande pelouse et cheminements doux, sans oublier les arbres de haute tige, densément plantés. L'aménagement de l'espace démultiplie les ambiances et les lieux à vivre, favorisant l'appropriation et le confort. Les aménagements invitent à profiter des espaces conviviaux et multigénérationnels : grande pelouse, solarium, salons végétalisés, grande table pour pique-niques et espaces de travail en plein air. La conception d’ensemble a su préserver le besoin de "voir et d'être vu" afin de conserver un sentiment de sécurité.
Biodiversité
La force de ce projet a été aussi, et peut-être surtout, de miser sur la réhabilitation des sols. Souvent négligés, les sols jouent pourtant un rôle primordial pour protéger et restaurer la biodiversité. D’un côté un sol d’origine compacté et stérilisé. De l’autre côté, le refus des habitants d’apporter de la terre extérieure. Comment, dans ces conditions, réussir à créer un jardin fortement végétalisé ? La seule option était de reconstituer et refertiliser les sols in-situ, un processus en plusieurs étapes : d’abord cribler et concasser les limons pour éliminer les rhizomes de Reynoutria japon ica (renouée du Japon), une plante invasive largement présente, puis composter sur site, et enfin fertiliser par engrais verts. Quelques mois ont suffi pour produire ainsi le substrat nécessaire à l’ensemble du jardin.
Arbres isolés
La biodynamisation de certains "arbres isolés" a ensuite permis d’augmenter le potentiel biologique des sols : des bactéries et/ou des souches mycorhiziennes relevées sur place ont été répliquées en laboratoire puis inoculées au pied des arbres plantés. Pour développer la vie du sol, augmenter sa capacité de rétention d'eau et mieux protéger les plantations, un paillis vivant expérimental a été mis en place dans tous les massifs plantés : trois types de lombriciens ont été inoculées dans le sol.
Peu d'entretien
La qualité du traitement initial des sols a permis de réduire les risques de dépérissement des végétaux, tandis que la conception des vastes massifs de plantation a réduit le besoin d'entretien grâce à une palette végétale résiliente, prenant en compte le développement à long terme des plantes, et l'utilisation de paillis. De plus, la maintenance du projet a été incluse dès le départ (trois ans par l'entrepreneur, puis reprise par les équipes de la ville).
Ombre et fraîcheur
L'ambition de faire des Jardins de Pré Gaudry un îlot de fraîcheur de proximité au cœur de la métropole a nécessité un travail sur plusieurs fronts : un coefficient d’ombrage élevé, la désimperméabilisation complète des sols, l’infiltration des eaux pluviales sur tous les massifs jardinés et pelouses, un substrat continu, assurant la continuité de la trame brune sur toute la surface du jardin et la constitution d’un milieu complet avec trois strates de plantation - herbacées, arbustives et arborées.. La création de cet îlot de fraîcheur a fait la part très belle au végétal : une canopée de 174 arbres plantés, un coefficient d’ombrage élevé et 5 600 m² de surface végétalisée, soit la moitié de l’espace réalisé.
Le projet s'appuie également sur une gestion exemplaire de l'eau, avec des systèmes de récupération et d'infiltration des eaux de pluie ainsi qu’un arrosage par submersion optimisé pour réduire le stress hydrique des plantes. 100 % des eaux de pluie sont récupérées par infiltration dans le sol. Enfin, la mise en œuvre d’une trame brune continue sur la totalité du jardin favorise la biodiversité et permet de ralentir le cycle de l’eau.
Deuxième prix : Parco della Pace (Italie)
Le Parco della Pace est un projet impressionnant de réaménagement et de revalorisation du paysage et de l'environnement, avec une interaction permanente entre l'eau, la végétation et la faune. Le parc est situé à la périphérie de Vicence, la ville de Palladio, dans une zone fortement industrialisée et urbanisée. Il se trouve dans la zone de l'ancien aéroport et couvre une superficie de 650 000 mètres carrés. Il s'agit d'un projet de régénération urbaine, réalisé en harmonie avec la nature, dans le but de créer une "machine écologique" qui fournit des services écosystémiques au niveau urbain et territorial. Le parc combine de manière innovante des éléments techniques, écologiques, culturels, sociaux et esthétiques, offrant aux visiteurs une expérience complète alliant contemplation, usage actif et connaissance de la nature et de ses dynamiques dans un contexte urbain. Le parc repose sur des solutions durables innovantes, dans le but de devenir un paradigme pour le parc du futur : un modèle pour la régénération des villes européennes en collaboration avec la nature.
Cohésion sociale
Le parc est divisé en plusieurs espaces qui accueillent différentes fonctions permanentes ou temporaires. Il se caractérise comme un lieu dédié à la détente, à la promenade, au sport, à la musique, aux rencontres et à la convivialité, à la culture, à l'éducation et à la promotion de la paix. L'entrée principale, ou "Porte Est", est une grande place couverte aménagée dans un ancien hangar et utile pour toutes sortes d'événements, avec un espace de rafraîchissement et de réception. Autour d'elle, également hébergés dans les installations aéroportuaires, se trouvent un musée dédié à l'aviation, un espace polyvalent d'art contemporain, la Park House, et des espaces pour les associations.
Les activités récréatives (modélisme, cerf-volant, patinage, manifestations, etc.) se déroulent sur les grandes pelouses et dans les cours pavées. La terrasse surplombant le lac accueille idéalement les spectacles et les concerts. L'ancienne piste de l'aéroport est équipée pour accueillir de grands événements. Le parc comprend également une zone végétalisée, de grandes pelouses et des espaces équipés pour la pratique de sports individuels ou collectifs (basket-ball, volley-ball, football et rugby). Il y a également de activités de canoë-kayak proposées sur le canal.
Biodiversité
L'objectif principal du projet est d'accroître la biodiversité de la zone, en particulier grâce au réseau hydrographique étendu et varié qui traverse les différents habitats. Les différents types de végétation et de zones (différents types de prairies, prairies humides, zones de forêts hygrophiles et mésophiles) offrent des habitats très diversifiés. Les "prairies humides", petites plaines couvertes d'eau, sont des milieux de grande valeur naturelle et écologique, aujourd'hui particulièrement rares en plaine et abritant même des espèces disparues dans la région.
La gestion efficace des ressources en eau, combinée à la création de nouveaux écosystèmes de zones humides, va au-delà du drainage urbain : elle crée en effet de nouveaux habitats pour une riche biodiversité animale et végétale. Grâce à ce réseau d'eau, la faune locale s'est rapidement repeuplée, comprenant non seulement des oiseaux associés aux milieux aquatiques, mais aussi d'autres espèces d'oiseaux, des amphibiens, des poissons, des mollusques, des insectes et des petits mammifères.
Les oiseaux, en particulier, profitent pleinement des possibilités offertes par le parc : les poteaux rouges utilisés pour délimiter les zones de boisement sont devenus d'excellents postes de repos et d'observation pour les hérons, les cormorans et les aigrettes. Les foulques et les guêpiers nichent dans les étangs et l'échasse blanche est omniprésente sur le site.
Troisième place : place Nowy Targ (Pologne)
La médaille de bronze est allée cette année à la Pologne, plus précisément à Wrocław, où les plantes ajoutent une nouvelle dimension visuelle et esthétique à la place Nowy Targ. La forme des parterres de fleurs est orthogonale, adaptée au motif historique du sol, et souligne la symétrie de la place. De nouvelles allées traversant la végétation et des bancs permettent de se détendre et de sociabiliser. L'aménagement paysager a joué un rôle crucial dans ce projet. Premièrement, les plantes devaient être résistantes et adaptées aux conditions urbaines difficiles ; deuxièmement, elles devaient convenir aux conditions spécifiques de la toiture végétale ; troisièmement, elles devaient favoriser la biodiversité. Enfin, l'ensemble de la composition végétale devait répondre à des exigences esthétiques élevées.
Grille géométrique
Les conditions microclimatiques se sont également nettement améliorées. Il fait nettement plus frais et les arbres, même s'ils sont encore petits, font déjà de l'ombre. Le nombre d'insectes et d'oiseaux dans la zone a également augmenté de manière significative. Les robiniers "Skyline" adoucissent la dimension architecturale du projet, bien qu'ils soient plantés selon une grille géométrique. Leurs couronnes délicates donnent une impression aérienne, jouant avec le clair-obscur sans créer de canopée dense sur la place.
Contrairement aux arbres, la disposition des plantes dans les parterres est irrégulière, unique pour chacun d'entre eux, mais avec des proportions constantes dans les espèces.
Des fleurs toute l'année
La composition des plantes a été choisie pour sa dimension décorative constante toute l'année, et la floraison s'étend sur toute la saison de croissance. Des fleurs colorées jalonnent simultanément toute la place, mais elles restent un détail et non un élément dominant. Elles sont choisies et disposées dans un grand souci du détail, en tenant compte des textures des feuilles et des fleurs. La palette de couleurs va du blanc au violet en passant par le rose, et la plupart des plantes ont une structure délicate et ouverte.
Impact visuel immédiat
La sélection comprend 61 espèces (arbustes, plantes vivaces, graminées, fougères et bulbes), créant une diversité rarement vue en centre-ville. Nombre de ces espèces ont été utilisées pour créer de bonnes conditions pour la faune, y compris les pollinisateurs. Les plantations denses ont été privilégiées pour un effet visuel immédiat. Les parterres de fleurs servent également à recueillir les eaux pluviales de la partie pavée de la place, et forment un élément important de l'infrastructure vert/bleu. De plus, un système d'irrigation goutte à goutte à régulation précise a été mis en place pour aider les plantes pendant les périodes de sécheresse, ce qui a également permis d'améliorer le microclimat.
Photos © Green City Europe